La société secrète de l’hirondelle de fenêtre

Me voilà rassuré, depuis l’article publié mi avril sur l’arrivée des hirondelles de fenêtre, la quasi-totalité d’entre elles qui m’ont fait l’honneur de faire leur nid à la maison, semble être revenue. Parties dès le mois de janvier d’Afrique sub-saharienne, les hirondelles arrivent de manière échelonnée entre avril et fin mai après 5000km de route.

La colonie, constituée de 17 nichoirs et 4 nids, se remplit donc petit à petit. Actuellement, 16 nids sont occupés avec certitude, 2 ou 3 sont encore à confirmer. Les premiers occupés sont toujours les mêmes, les nids, les vrais. Les nichoirs, pâles imitations, sont sympas, mais sans doute moins cosy…

1ier signe de cohésion sociale de l’espèce, les ballets aériens depuis le retour des beaux jours sont spectaculaires. Il faut dire qu’une escadrille d’une trentaine d’individus, défiant sans cesse les lois de l’apesanteur, ça vaut le détour. Se déplaçant en groupe un peu désordonné mais sans s’éloigner les unes des autres, elles finissent par tracer de grands cercles de manière bien plus coordonnée, tout en se rapprochant de la maison. Après un 1ier, puis un 2ième passage à proximité de la colonie, toutes vont rejoindre leur nid au 3ième ou au 4ième passage dans un vacarme de piaillements qui contrastent avec le silence qui règne lorsque, invisibles, elles sont toutes rentrées dans leur nid.

Puis, c’est l’heure du nettoyage de printemps… Les hirondelles font le ménage, et sortent le peu de matériaux qu’elles avaient accumulés l’an passé : il pleut donc des brindilles, et autres petits débris en tout genre. Les nichoirs étant en papier maché, on entend très bien les hirondelles gratter le fond.

Une hirondelle se pose fréquemment entre 2 nichoirs contre la poutre qui supporte les nids, toujours au même endroit. Aurait-elle envie de construire son propre nid, c’est fort probable. Si c’est le cas, elle ne sera pas seule pour le construire. En effet, il arrive fréquemment que d’autres individus de la colonie participent à la construction. Et oui, nous l’avons déjà vu, il s’agit d’une espèce grégaire, qui vit en groupe, avec des comportements sociaux marqués.

Mais n’exagérons rien quand même, lorsque la ponte commence, c’est chacun chez soi ! D’ailleurs, le mâle observe tous les faits et gestes de la femelle, et gare à l’intrus qui voudrait aborder madame, il est expulsé manu militari. Le problème, c’est qu’à la longue, monsieur irait bien conter fleurette à une autre pendant que madame couve, et c’est ce qu’il fait d’ailleurs, sans vergogne. L’ennui, c’est que tous les mâles du quartier ont à peu près la même idée. Résultat, le petit dernier de chaque fratrie n’a, souvent, pas le même père que le reste de la famille.

Dans de bonnes conditions, les jeunes seront élevés en moins d’1 mois. Il arrive, comme l’été dernier, d’avoir, une semaine à quinze jours de temps pluvieux empêchant un nourrissage correct de toute la fratrie et voyant mourir les plus faibles. Triste réalité, mais il faut continuer à s’occuper des survivants et ne pas mettre en péril le reste de la famille avec la présence de ce cadavre qui risque d’attirer mouches et maladies éventuelles. Les adultes, pragmatiques, se débarrassent du corps inanimé en le jetant par-dessus bord.

 Lorsque le reste de la fratrie devient autonome, les parents remettent le couvert pour une deuxième, voire une 3ième couvée (pas toujours viable au moment du départ pour la migration à l’automne).

Mais que font donc les jeunes de la 1ière couvée pendant tout ce temps ? eh bien là encore, on peut observer un comportement social. Certains de ces jeunes n’hésitent pas à filer un coup de main à papa et maman pour nourrir la 2ième et la 3ième fournées…