Attention aux imitations

Avec l’arrivée du printemps, les oiseaux ont repris leurs chants. C’est la meilleure période pour tenter de les apprendre. Dans 2 mois, tous chanteront en même temps, créant une véritable cacophonie où il sera difficile de distinguer les chants des uns et des autres.

C’est sans compter sur les oiseaux imitateurs, qui prendront un malin plaisir à imiter le chant d’autres espèces, tout exprès pour vous empêcher de progresser.

Parmi ces imitateurs qui fréquentent nos jardins, le geai des chênes et l’étourneau sansonnet sont en bonne place. Sur la vidéo, faite et prêtée par Christine Mergeay que je remercie, le geai des chênes imite la buse variable. A moins d’être un expert, seul l’observation de l’oiseau chanteur peut permettre de se rendre compte de la supercherie.

L’étourneau sansonnet quant à lui, véritable citadin, imite également des bruits du quotidien : « une porte qui claque », « une sonnerie de téléphone », « une moto qui passe à vive allure », « un aboiement de chien» … C’est assez surprenant lorsque l’on ne si attend pas.

Ces bruitages et imitations sont souvent inclus dans le chant même de l’oiseau est constituent donc une phrase « qui n’a pas de sens », une sorte de montage sons anarchique. Et c’est cela qui met la puce à l’oreille de l’observateur attentif. Le cri d’une buse variable au milieu de claquements de portes et de sonneries de téléphones, on se dit qu’il y a quelque chose qui cloche.

Ces imitations n’ont pas pour but de se faire passer pour une autre espèce, une moto ou une porte…

Leur rôle semble plutôt de permettre à son auteur de diversifier son chant, de sortir du lot, on pourrait presque dire d’« amuser la galerie ». Et cela marche… Chez certaines espèces, les femelles se laissent plus facilement séduire par ces baratineurs, ces « drôles d’oiseaux ».

Chez l’étourneau sansonnet, espèce très sociable, ces imitations jouent un rôle dans la cohésion de groupe. En effet, cette espèce est capable d’apprendre de nouvelles vocalises tout au long de sa vie.

Ainsi, le partage de vocalises est donc courant entre étourneaux du même groupe et peut aboutir à une sorte de dialecte reflétant l’organisation sociale et les affiliations au sein d’un groupe. Les oiseaux partageant le plus de vocalises entre eux, sont les plus liés socialement. Un peu comme le patois chez l’homme, commun à l’ensemble d’un massif par exemple, mais où certains mots, certaines prononciations, sont spécifiques à un village, voire à un hameau.

Cela permet aussi aux spécialistes de déterminer le nombre de colonies d’étourneaux sansonnet d’un secteur, en fonction des vocalises utilisées…