Rencontre avec une fondatrice

A l’abri dans un tronc d’arbre, sous une écorce décollée, ou plus près de la maison, dans la cabane du jardin, elle attend les beaux jours. C’est sous l’appentis, en fouillant parmi les pots en terre, que je suis tombé nez à nez avec une fondatrice.

Quel est le rôle de cette fondatrice ?

Il s’agit des futures reines de guêpes, seules survivantes des colonies de l’été dernier, et fondatrices des colonies de l’été prochain. Contrairement aux abeilles, chez lesquelles la reine passe l’hiver avec une colonie réduite d’ouvrières, mais une colonie quand même, la reine des guêpes démarrera seule la saison.

Ainsi, si vous croisez une guêpe vivante pendant l’hiver, pas de doute, c’est une fondatrice. Vivante certes, mais franchement engourdie et en position « remisée » en attendant la belle saison : observez bien les ailes, elles sont pliées sous l’abdomen, au lieu d’être posées dessus comme on a l’habitude de les voir. Et la bête semble avoir perdu sa légendaire « taille de guêpe » : c’est qu’elle a été bien nourrie par ses soeurs ouvrières à la fin de l’été dernier, en particulier en lipides, pour constituer des réserves et ainsi passer l’hiver.

La guêpe : une espèce régulatrice

Pour ceux qui voudraient profiter de leur léthargie pour les faire passer de vie à trépas sans risque, lisez ceci :

Certes les guêpes sont un peu pénibles d’apprécier, comme nous, fruits et confitures à l’état adulte, mais les larves, elles, sont nourries exclusivement avec d’autres insectes : les guêpes apprécient particulièrement les mouches dont elles régulent les populations.

A plus de 3 ou 4 mètres d’une colonie, vous ne représentez aucun danger pour elles, et donc elles, aucun danger pour vous. Cela fait donc des nids dans les greniers un faux problème, et un vrai atout pour son rôle insecticide indispensable à l’équilibre naturel, une colonie consommant plusieurs milliers d’insectes chaque année.

Enfin, sachez qu’un nid de guêpes n’est jamais réutilisé d’une année sur l’autre : le grenier n’est donc pas pris d’assaut par les fondatrices, mais les nids vides s’accumulent d’années en années, puis finissent par se désagréger.