les musaraignes, les souris-araignée

L’habit ne fait pas le moine

Il existe en France une dizaine d’espèces de musaraignes. Leur observation furtive peut parfois les faire prendre à tort pour des rongeurs, ravageurs des cultures alors qu’elles sont d’insatiables insectivores. En effet, leur museau allongé et pointu les rapproche plus des insectivores comme le hérisson et la taupe. D’ailleurs, ces espèces ont toutes en commun une denture pointue, spécialement conçue pour transpercer la « carapace » des insectes. Rien à voir donc avec les incisives imposantes des rongeurs, accompagnées d’une rangée de rappes sur le fond pour tout broyer.

Leurs yeux et leurs oreilles sont de petite taille, leur fourrure, comme celle de la taupe est très dense, leur museau est surmonté de vibrisses qui, associées à l’odorat, permettent la localisation de leurs proies. Ainsi, certaines musaraignes sont capables de repérer un ver de terre à 12cm sous terre.

Des insectes au menu, mais pas que…

Du fait de leur petite taille, les musaraignes ont un métabolisme élevé pour maintenir leur température corporelle, ce qui les oblige à s’empiffrer chaque jour de l’équivalent de leur poids. Pour cela, elles s’activent de jour comme de nuit, en été comme en hiver, à la recherche de nourriture. En cas de pénurie ou de grand froid, elles entrent dans un état de torpeur. Leur régime alimentaire est très varié. Il se compose de larves d’insectes, chenilles, pucerons, vers, araignées, perce-oreilles, cloportes, limaces et escargots. Si l’occasion se présente, elles ne bouderont pas des proies bien plus grosses qu’elle, comme des grenouilles et des poissons pour les espèces aquatiques.

Des alliés pour le jardinier

Toujours du fait de leur petite taille, les musaraignes chassent à des endroits qui ne sont accessibles ni aux autres mammifères insectivores ni aux oiseaux. Ce rôle de régulateur des populations de ravageurs peu accessibles en fait un allié du jardinier.  Vous pouvez remercier tout ce petit monde pour service rendu, en leur laissant libre accès à votre compost qui leur fournira le gite et le couvert. Vous pouvez également leur offrir une bande d’herbes hautes au fond du jardin qu’elle partagera avec toute une biodiversité utile au jardin….

Un habitat varié, mais toujours à l’abri des regards

Les musaraignes vivent sous des tas de branchages, les interstices d’un vieux muret, les cavités d’un tronc d’arbre ou entre ses racines, au cœur des haies et des buissons, sous un épais tapis de feuilles mortes et même dans le sol. On en trouve dans tous les milieux : prairies, parcs et jardins, granges et autres dépendances, le long des cours d’eau, le tout, en plaine comme à la montagne.

Espèces prolifiques pour compenser une mortalité élevée et une durée de vie courte

Les musaraignes sont des mammifères plutôt solitaires, mais, aux alentours du mois d’avril, elles cherchent un partenaire pour l’accouplement. La femelle peut avoir deux à cinq portées de deux à huit petits par an. Pas de panique, l’invasion n’est pas pour demain, la mortalité infantile est importante et les adultes ne vivent en moyenne guère plus de deux ans.

La musaraigne est souvent au menu des rapaces diurnes et nocturnes, du chat domestique, du renard, de la fouine, du putois, de l’hermine et de la belette, et d’une partie des serpents. Elle est aussi très sensible au stress et peut littéralement « mourir de peur ».

Les musaraignes ont quelques records à leur actif.

La musaraigne étrusque : le plus petit mammifère du monde

Tout d’abord, l’une d’elle, la musaraigne étrusque, présente en France dans les Pyrénées, est le plus petit mammifère du monde. Elle ne dépasse pas les 2 grammes, et a la taille de la moitié de votre pouce.

la musaraigne aquatique : morsure toxique

On sait aujourd’hui que quelques espèces possèdent une salive toxique, mais elles sont rares, et même si leur toxicité est avérée chez de petits animaux, elle n’est pas dangereuse pour les humains ni d’ailleurs pour les grands animaux comme le bétail par exemple. Chez nous, c’est le cas de la musaraigne aquatique. Cette particularité très rare chez les mammifères a valu son nom à la famille des musaraignes, les « souris-araignée » : « mus-» signifiant « souris » et faisant référence à son allure et « -araneus » signifiant « araignée » rappelant qu’elle peut être doté d’une morsure venimeuse.

Echolocalisation comme chez les chauve souris

Enfin, les musaraignes vivant le plus souvent « à couvert », où la luminosité est très faible voire nulle, certaines espèces ont développées l’écholocalisation pour repérer leurs proies. Il s’agit de la même technologie utilisée par les chauves-souris, le sonar des dauphins, et le radar des gendarmes dont nous sommes les victimes…