Dimorphisme sexuel chez les oiseaux : Un costard coloré pour monsieur !

Avez-vous déjà remarqué la différence d’apparence si marquée entre le mâle et la femelle chez certaines espèces d’oiseaux ? Pour quelle raison le mâle a-t-il hérité d’un plumage très coloré ? Pourquoi la femelle se contente-t-elle d’un plumage plus « passe partout » ? Et pourquoi donc toutes les espèces d’oiseaux ne respectent-elles pas ce dress code ? Et qu’en est-il de la coloration des jeunes dans tout cela ?

Chez les mâles

Un porte drapeau pour marquer le territoire

D’abord, c’est souvent au mâle qu’incombe la tâche de défendre le territoire. Aussi discret qu’un porte-drapeau, monsieur va donc s’afficher aux quatre coins de son territoire pour le délimiter. Et comme si cela ne suffisait pas, il claironne à tue-tête « qu’ici, c’est chez lui » !

Marquage visuel et sonore du territoire par le rouge gorge.

Un costume d’apparat pour séduire une femelle

Ensuite, il est coutume que ce soit le mâle qui séduise la femelle. Pour cela il se doit de porter un costume d’apparat, véritable signe ostentatoire de bonne santé. La femelle, qui souhaite le meilleur pour sa descendance, choisira un mâle vaillant, plein d’énergie pour défendre le territoire, nourrir les jeunes…

Chez les femelles

Pondre et couver en toute discrétion

Les femelles, elles, ont d’autres chats à fouetter : ce sont elles qui pondent et, la plupart du temps, qui couvent. Elles ont donc tout intérêt à avoir un plumage plus proche du camouflage de l’armée de terre, que des clowns de chez Pinder, pour éviter que des prédateurs ne repèrent leur nid, et son contenu si précieux. 

cas à faible risque

Cela explique pourquoi le dimorphisme sexuel n’est pas automatique. Les espèces cavicoles comme les mésanges bleues et charbonnières ne présentent pas un grand dimorphisme sexuel, mâles et femelles étant assez colorés. C’est qu’à l’abri des regards, dans la cavité qu’elle aura choisie pour élever ses jeunes, madame n’est pas visible, tenue extravagante ou pas…

Pas ou peu de dimorphisme chez la mésange bleue, espèce cavicole.

Cas à fort risque

C’est nettement plus risqué pour une espèce qui niche à la vue de tous et en particulier au sol comme le canard colvert. Là, le dimorphisme est très marqué.

Colvert, la femelle à gauche, le mâle à droite (mais il fait ce qu’il peut…) Nicher au sol ne s’improvise pas.

Entre ces 2 extrêmes, toutes les nuances sont possibles. Par exemple, La femelle rouge gorge nichant dans des lieux improbables, souvent proches du sol, porte quand même fièrement son plastron rouge. C’est que, lorsqu’elle pond et qu’elle couve, celui-ci est bien caché  dans l’épaisseur du nid.

Chez les jeunes

Discrétion de mise pour les débutants… face aux prédateurs

Pour les jeunes, la discrétion est également une question de survie. Dame nature a eu la sagesse de les affubler d’un costume sobre souvent proche de celui de la femelle, n’en déplaise aux jeunes mâles. Pas très dégourdis à leurs débuts, ils ont tout intérêt à se faire oublier des prédateurs, mais pas que…

Jeune cygnes tuberculés tout gris. Les adultes, mâles et femelles sont suffisamment imposants pour ne pas avoir de costume de camouflage. Il s ne craignent pas les prédateurs…

Discrétion de mise pour les débutants… face aux concurrents

Chez le rouge gorge, encore lui, les jeunes fraichement sortis du nid, n’hésitent pas à partir à l’aventure ignorant les frontières… leur costume dépourvu du plastron caractéristique de l’espèce leur permettra de vagabonder d’un territoire à un autre de manière tout à fait neutre, sans risquer l’attaque du rouge gorge voisin qui ne l’identifie ainsi pas comme un rival. Plutôt pratique pour ces jeunes étourdis !

Un jeune rouge gorge « incognito »