Revenons aux opilions

Dans la petite chronique naturaliste publiée le 26 septembre et consacrée au nettoyage des nichoirs, je vous présentais un opilion qui grimpait sur le même arbre que moi et un pseudo scorpion présent dans un nichoir en cours de nettoyage. Le 15 septembre, le pholque phalangide, « araignée d’intérieur », faisait la une de la rubrique « ouvrez l’œil ».

Ces 3 espèces font partie de la classe des arachnides mais chacune dans un ordre différent. Cela ne veut pas dire qu’ils étaient mélangés… l’ordre est un niveau de classification des êtres vivants : règne, embranchement, classe, ordre, famille, genre espèce. Ici, les bestioles dont nous parlons font partie du règne animal, de l’embranchement des arthropodes, de la classe des arachnides. Ensuite, chacun son chemin…

Tous les 3 ont donc en commun de posséder 4 paires de pattes et d’avoir des yeux simples. Leur corps est divisé en 2 parties : l’abdomen et le céphalothorax.

Il ne s’agit donc en aucun cas d’insectes avec qui ils sont souvent confondus. Ces derniers possèdent 3 paires de pattes, des antennes, des ailes, des yeux composés, et un corps en 3 parties : tête, thorax, abdomen. Toutes les petites bêtes ne sont pas des insectes.

Au-delà de ces points communs qui les rassemblent dans la classe des arachnides, tout semble les séparer. Il est assez facile de distinguer le pseudo scorpion avec ses pinces proéminentes comme le scorpion, mais une queue venimeuse absente d’où le terme de « pseudo », le déguisement n’étant pas parfait.

La différence entre les araignées et les opilions ne saute pas aux yeux. Physiquement, les opilions ont simplifié à l’extrême leur anatomie, soudant l’abdomen et le céphalothorax : il ne s’agit donc plus que d’une masse avec 8 pattes.

Les opilions ne possèdent ni glande à venin, ni filières. Très peu visibles, ces organes ont un rôle capital sur le mode de vie de ceux qui en possèdent. Ainsi, les opilions sont des arachnides qui n’utilisent pas de toile pour capturer leurs proies, ni de venin pour les neutraliser, mais chassent au gré des rencontres.    

Il est assez fréquent de rencontrer des opilions ayant moins de huit pattes. C’est l’autotomie, la capacité de sacrifier une ou plusieurs pattes pour échapper à un prédateur. Sur la photo, par exemple, il ne lui reste que 3 paires de pattes (cela n’en fait pas un insecte pour autant…)

D’autres mécanismes de défense existent dans ce groupe. Arme chimique tout d’abord, les opilions possèdent des glandes sécrétant des substances répulsives. Ils ont également un vrai talent de comédiens dignes des meilleurs footballeurs. Ils peuvent simuler la crise de tétanie, faire le mort (thanatose), produire des sons étranges, le tout pour interloquer un prédateur potentiel, de passage dans le secteur. Face aux symptômes inhabituels de cette proie qui ne semble pas en forme, celui-ci préférera souvent passer son chemin pour éviter une potentielle crise de foie.

L’opilion est plus connu sous son nom d’usage : faucheur, faucheux ou faucheuse.